Le bassin du Congo constitue l’un des plus importants massifs de forêt tropicale continue qui demeurent sur la planète. Cette région est plus grande que l’État de l’Alaska et se hisse au rang de deuxième plus grande forêt pluviale de la planète derrière l’Amazonie.
Mosaïque de forêts, de savanes, de marécages, de rivières et de forêts inondées, le bassin du Congo déborde de vie. On y trouve environ 10 000 espèces de plantes tropicales, dont 30 % sont uniques à la région. Les espèces menacées, comme les éléphants de forêt, les chimpanzés, les bonobos et les gorilles de plaine et montagne peuplent ces forêts luxuriantes. Au total plus de 400 espèces de mammifères, 1 000 espèces d’oiseaux et 700 espèces de poissons ont trouvé refuge dans la zone.
Depuis plus de 50 000 ans, le bassin du Congo fournit nourriture, eau et abri à plus de 75 millions de personnes. Près de 150 groupes ethniques distincts cohabitent parmi lesquels des habitants de la région de Ba’Aka, représentants les plus célèbres d’un ancien style de vie de chasseurs-cueilleurs dont le mode de vie et le bien-être sont intimement liés à la forêt.
La protection du bassin du Congo exige un effort majeur qui dépasse les frontières politiques. Dans le cadre du Partenariat pour les forêts du bassin du Congo, nous collaborons avec les communautés et les gouvernements locaux pour gérer les forêts durablement et protéger la faune.
Les forêts du bassin du Congo en péril…
Un bassin vivier d’une biodiversité vitale pour la planète…
Dans le bassin du Congo, des cultures entières sont basées sur les ressources de la forêt. Des dizaines de millions de personnes en dépendent pour leur alimentation, leurs plantes médicinales ou leur approvisionnement en énergie. Ces forêts sont également d’une valeur écologique exceptionnelle. Ainsi, 415 espèces de mammifères, 11 000 espèces de plantes, 1117 espèces d’oiseaux et près de 1000 espèces de poissons ont été recensées pour la seule République démocratique du Congo (RDC). Éléphants de forêt, gorilles, bonobos et okapis sont parmi les espèces les plus emblématiques de cette extraordinaire biodiversité.
Un équilibre mis en péril par l’industrie du bois…
En RDC, entre 2002 et 2008, 15 millions d’hectares (soit l’équivalent d’un quart de la France) ont été affectés à l’exploitation forestière en toute illégalité. Les conséquences environnementales et sociales sont dramatiques : forêts pillées, faune décimée, communautés locales déstructurées. Les bénéfices de cette exploitation ne vont ni collectivités, ni aux salariés de l’industrie du bois, qui travaillent dans des conditions déplorables.
L’argent va à quelques individus corrompus et à des industriels qui n’hésitent pas à recourir à l’intimidation, aux manipulations comptables et à l’évasion fiscale pour faire grossir leur chiffre d’affaires. En 2008, Greenpeace a ainsi dénoncé l’entreprise germano-suisse Danzer. Elle avait omis de payer près de huit millions d’euros de taxes. De quoi payer la vaccination de 700 000 enfants !
Une responsabilité mondiale…
Beaucoup reste à faire et la création en novembre 2008 d’un bureau Greenpeace à Kinshasa traduit notre volonté de maintenir la pression pour que cesse le pillage de la forêt congolaise.
En RDC, le moratoire ne devra être levé que lorsqu’un plan de zonage définissant les types d’usage du sol à l’échelle nationale aura été établi, qu’une gouvernance forestière efficace aura été garantie, que le cadre légal aura été complété et que de nouvelles forêts intactes seront protégées.
Il faut également que les bailleurs de fonds (la Banque mondiale, l’Agence française du développement) conditionnent leur aide à une protection du patrimoine forestier plutôt que d’être les complices de son pillage en fermant les yeux sur ce qui se passe en RDC. Ils ont cru que l’exploitation forestière pouvait être un facteur de développement. C’est le contraire qui s’est produit. L‘argent du contribuable français a financé l’appauvrissement des écosystèmes et des populations en RDC.
Enfin, il faut que les premiers clients du bois africain, l’Union européenne et la Chine, interdisent l’importation du bois « illégal » et du bois « pillé ». C’est à ces conditions que la forêt du bassin du Congo pourra enfin être protégée des forestiers dont l’intérêt n’est guidé que par des considérations économiques à court terme.
Les dégâts naissants de l’agrobusiness
Dans certains pays comme le Cameroun, la République du Congo ou encore le Gabon, les agro-industries s’étendent et représentent une menace montante pour la forêt du bassin du Congo. En cause, la culture du palmier à huile à grande échelle (on parle aujourd’hui de « La dernière frontière de l’huile de palme” pour l’Afrique), de même que la culture d’hévéas, d’eucalyptus ou de cannes à sucre. Toutes ces plantations sont prises sur la forêt tropicale et constituent un moteur de plus en plus conséquent de la déforestation.
Greenpeace a notamment fait campagne avec succès contre la SGSOC (une concession de palmiers à huile) et la Socfin, qui possèdent plusieurs grandes plantations de palmiers à huile et d’hévéas et qui travaillent à une politique zéro déforestation basée sur l’approche HCS.
Les tourbières du bassin du Congo sont déjà en danger, selon Greenpeace Afrique…
Au lendemain de la Déclaration de Brazzaville sur la protection des tourbières, Greenpeace Afrique tire la sonnette d’alarme sur le danger auquel sont déjà exposées les tourbières dans le bassin du Congo. Selon elle, des activités industrielles sont déjà en cours, en ceci que les trois concessions forestières attribuées en février dernier aux entreprises chinoises par […]
Au lendemain de la Déclaration de Brazzaville sur la protection des tourbières, Greenpeace Afrique tire la sonnette d’alarme sur le danger auquel sont déjà exposées les tourbières dans le bassin du Congo. Selon elle, des activités industrielles sont déjà en cours, en ceci que les trois concessions forestières attribuées en février dernier aux entreprises chinoises par le ministre de l’environnement et développement durable de la République Démocratique du Congo chevauchent les zones de tourbières.
Le gouvernement de la RDC avait décidé d’octroyer aux sociétés d’exploitation forestière chinoises la Forestière pour le Développement du Congo (FODECO) et la Société La Millénaire Forestière (SOMIFOR), le 1er février 2018, une superficie totale de 650.000 hectares de forêt, créant de vives réactions au sein de la société environnementale congolaise et internationale.
Une autre menace qu’évoque Greenpeace est l’approbation par le Président Kabila, au cours de ce mois, d’un accord commercial entre la RDC, l’Association Nationale des Hydrocarbures (SONAHYDROCoc) et la Compagnie Minière du Congo (COMICO). Dans cet accord, les blocs destinés à l’exploration pétrolière couvrent environ 1 460 000 hectares, principalement situés dans la cuvette centrale de la RDC, une zone chevauchée par les tourbières ainsi que le parc national de la Salonga, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, peut-on lire dans le communiqué de l’organisation environnementale.
En République du Congo, au moins un accord de concession a été approuvé pour la création d’une plantation de palmiers à huile, qui occuperait 420.000 hectares de tourbières boisées, comme le démontre l’affaire ATAMA, selon Greenpeace. « Nous appelons les deux gouvernements à protéger ces tourbières en annulant toutes les activités industrielles actuelles et futures dans ces zones et en maintenant le moratoire sur les titres d’exploitation forestière », interpelle Irène Wabiwa Betoko.
Selon les experts des tourbières du Bassin du Congo, l’exploitation industrielle dans et autour des tourbières est parmi les principales menaces pour ces zones humides vulnérables stockant plus de 30 milliards de tonnes de carbone. « La préservation de la forêt du bassin du Congo et de ses tourbières est vitale pour les millions de personnes qui en dépendent et pour assurer la stabilité climatique de la planète », a déclaré Irène Wabiwa Betoko, Responsable de la campagne Greenpeace Afrique.
La Déclaration de Brazzaville pour protéger les tourbières
La Déclaration de Brazzaville est un accord signé le 23 mars entre la RDC, le Congo et l’Indonésie lors de la troisième réunion de l’initiative mondiale pour les tourbières, assises ayant eu lieu du 21 au 23 mars à Brazzaville, capitale du Congo. Son objectif est de protéger la tourbière tropicale de la Cuvette Centrale, située dans le bassin du Congo et chevauchant la RDC et le Congo, d’une utilisation non réglementée des terres et d’empêcher son assèchement et sa dégradation.
Les enjeux de la protection des tourbières sont énormes : une quantité équivalente à la totalité des émissions de gaz à effet de serre produites en l’espace de trois ans est stockée dans le bassin du Congo. Si les tourbières étaient dégradées ou les zones humides naturelles asséchées, ce stock de carbone pourrait alors être relâché dans l’atmosphère.
Afin de préserver l’avenir de cette tourbière naturelle de grande valeur, cartographiée dans sa totalité pour la première fois l’an dernier et dont la taille est équivalente à celle de l’Angleterre, la DRC et la République du Congo ont établi un accord de collaboration transfrontalier. L’accord insiste sur l’importance de la bonne utilisation des sols et de la planification des infrastructures qui prennent la nature des tourbières en considération.
» La conservation et le développement vont de pair, nous parviendrons à conserver les tourbières uniquement si nous faisons du besoin des personnes une priorité. Nous pouvons aider les pays à mieux comprendre la nature unique des tourbières et contrôler leur utilisation potentielle », a affirmé Erik Solheim, directeur d’ONU Environnement.
La réunion a donné lieu a une collaboration appuyée entre l’Indonésie et les pays du bassin du Congo. L’Indonésie, le pays du monde ayant le plus d’expérience dans les questions de gestion des tourbières, s’est montré un partenaire de choix pour une Coopération Sud-Sud pour le développement.
Les tourbières sont des zones humides qui contiennent un mélange de matières biologiques décomposés, partiellement recouvertes par une couche d’eau et manquant ainsi d’oxygène.
Les tourbières possèdent une biodiversité complexe et hébergent une grande variété d’espèces mais leur teneur élevée en carbone les rend vulnérables aux incinérations lorsqu’elles sont asséchées. Le premier principe pour sa bonne conservation est qu’elle demeure humide. La déclaration reconnaît l’importance de la percée scientifique que consiste la cartographie de la zone de tourbières tropicales la plus grande au monde.
Les tourbières sont le plus grand réservoir de carbone terrestre naturel, contenant plus de carbone que tout autre type de végétation, y compris les forêts du monde. Les tourbières fournissent de l’eau potable, réduisent les risques d’inondation et de sécheresse et sont essentielles à la préservation de la biodiversité mondiale. Cependant, une méconnaissance de la valeur des tourbières a conduit à leur drainage et à leur conversion à d’autres usages.
Les tourbières endommagées contribuent actuellement à près de 6% des émissions anthropiques mondiales de CO2. Au Royaume-Uni seulement, les tourbières endommagées libèrent presque 3,7 millions de tonnes d’équivalent CO2 chaque année.
Pour l’amour de la nature et de l’humain d’abord…