On apprend tous les jours l’existence et la gravité de nouvelles maladies.
Que se passe-t-il? La science progresse-t-elle ou bien assistons-nous à une vaste entreprise de marketing? Sommes-nous victimes de ce que les anglo-saxons appellent le “disease mongering”, la vente des maladies.
Par Mikkel Borch Jacobsen, Revue “XXI”

Par exemple, la fibromyalgie dont personne ne parlait avant la fin des années 1980 affecte surtout les femmes d’âge mûr.
Pourtant, il se pourrait bien que la fibromyalgie ne soit pas une “vraie” maladie. Il ne s’agit pas de nier que les personnes en manifestent les symptômes, mais ceux-ci n’ont rien de spécifiques.

On les retrouve dans d’autres affections comme la dépression, le syndrome de fatigue chronique ou celui du côlon irritable.
Un laboratoire mondialement connu a mis au point un médicament qu’il atteste spécifique de la fibromyalgie. Ce médicament jusque là utilisé pour traiter les douleurs diabétiques peut provoquer une importante prise de poids, des œdèmes, des vertiges et des insomnies.

Des millions de femmes vont donc être invitées à prendre un médicament qui risque de les rendre obèses et insomniaques afin de traiter une maladie qui n’existe pas.
La fibromyalgie s’ajoute aux nombreuses maladies récemment lancées sur le marché.

Voici le syndrome du déficit d’attention avec hyperactivité, le trouble dysphorique prémenstruel, la dysfonction érectile et la dysfonction sexuelle féminine, la phobie sociale, le trouble affectif saisonnier, le trouble bipolaire chez l’enfant, les attaques de panique…

La vie entière devient une maladie. Vos sautes d’humeur, la ménopause, votre tension artérielle, votre indice de masse corporelle, votre taux de cholestérol sont devenus facteurs de risques qui appellent instantanément un traitement.

Dans le temps, on créait des médicaments pour guérir des maladies. De nos jours, on crée des maladies pour vendre des médicaments.
Les médicaments dont les brevets expirent continuent d’être vendus sur le marché, sous une nouvelle appellation et rendus spécifiques d’une nouvelle maladie plus à la mode.
Dans les années 1980, on s’est rendu compte que les tranquillisants “vallium et librium”, (les benzodiazepines) prescrits contre l’anxiété et les troubles nerveux produisaient de la dépendance.

C’est par un tour de passe passe que les laboratoires ont décidé de présenter la nouvelle génération des antidépresseurs non addictifs, bien que ceux-ci ne soient pas plus efficaces sur la dépression que les anciens tranquillisants.
Dans les années à venir, on assistera de plus en plus à une création de maladies sponsorisées par les corporations.

Les antidépresseurs !
Oui, les antidépresseurs sont susceptibles de perturber le fonctionnement de certaines fonctions du cerveau notamment chez des adultes fragiles psychologiquement et en situation d’échec amoureux, familial et ou professionnel.

Aujourd’hui, plus personne ne nie que de certains antidépresseurs peuvent provoquer des passages à l’acte suicidaires chez les enfants et notamment chez les jeunes adultes.

Lors de massacres comme celui de Columbine ou de Virginia Tech aux USA, le premier réflexe des journalistes est de demander si le meurtrier prenaient des antidépresseurs?
Nous vivons maintenant dans un monde où l’industrie pharmaceutique peut dicter ce dont il est lucide ou non de parler.
Elle contrôle les essais cliniques effectués par des organismes privés et ne distille que les données qui lui conviennent.
Les revues scientifiques rejettent des papiers “controversés”, mais publient les yeux fermés des articles signés de grands noms alors que chacun sait qu’ils ont été écrits par des agences de communication pour le compte des labos.

Les congrès médicaux sont devenus de véritables foires commerciales. Il y a plus de lobbyistes travaillant pour l’industrie que de législateurs et l’argent des labos corrompt absolument tout le monde, du grand patron aux associations de patients en passant par les organismes de régulations et même les comités bioéthiques.

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